Monsieur le Maire, Mes Chers Collègues,
Paris, ville-monde, ville-métropole, coeur d'une immense agglomération de dix millions d'habitants est à la croisée des chemins. Très longtemps, Paris a fonctionné comme un aimant. Paris sait que dans la concurrence des territoires et le grand chambardement de la mondialisation il lui faut maintenant, d'abord compter sur elle-même, qu'à l'avenir, plus rien ne lui sera donné, qu'elle doit désormais tracer elle-même les voies de sa destinée, qu'elle doit trouver en elle les ressorts de son rayonnement et de son développement. La création, le développement économique, l'innovation sont le choix décisif, la pari majeur. C'est le choix de la vie, du renouvellement, du rayonnement, à l'opposé de la ville-musée, de la ville dortoir ou de la ville regardée exclusivement comme un espace de consommation.
Le Plan Local de l'Urbanisme pouvait, à certaines conditions, constituer une formidable chance pour Paris, en développant la compétitivité du territoire parisien, en déclenchant une nouvelle dynamique au service des entreprises. Or, vous avez fait un tout autre choix alors que les 18ème et 19ème arrondissements font partie du club des 20 communes les plus pauvres de la Région Ile de France. Nous, nous souhaitions que soit institué un zonage spécifique pour les parcelles et les ilôts principalement dédiés à l'activité économique. Ce zonage se serait appliqué aux secteurs impropres à l'accueil à titre principal de logements. Je pense en particulier à votre refus de classer la zone Cap 18 dans le 18ème arrondissement en zone dédiée à l'activité économique.
Dans votre communication, il est question de préserver la diversité des entreprises commerciales et artisanales. Mais il existe des secteurs à Paris sans aucune diversité. Je pense en particulier au secteur de Château Rouge dans le 18ème arrondissement qui se caractérise par la monoactivité, un commerce en gros de produits exotiques. En 2001, dans votre programme, vous vous étiez engagé au transfert du marché exotique et à la création d'un marché des cinq continents. Nous sommes en novembre 2006, il n'y a eu aucune avancée, aucun petit progrès sur ce sujet si essentiel pour les habitants. Quel est le bilan en terme d'occupations des pieds d'immeubles à Château Rouge? Quid de la diversité commerciale à la Porte d'Aubervilliers, toujours dans le 18ème arrondissement où les habitants sont contraints de prendre les transports en commun pour trouver un boucher, un charcutier, un poissonnier?
Sur le plan économique, comme je l'ai dit, Paris se trouve à la croisée des chemins. Pas seulement parce que certains sièges sociaux glissent vers la petite couronne, mais surtout parce que l'ancrage territorial des centres de décision devient deplus en plus faible, parce que le pouvoir de la finance s'accroît et parce qu'une révolution du tertiaire est en marche. Les centres de décision sont attirés par le pouvoir financier, les nouvelles technologies annoncent la décentralisation à venir du tertiaire dans les entreprises et, face à Londres, Barcelone et même à Bruxelles, sur le front de l'implantation des multinationales, Paris perd du terrain. La conséquence est claire: désormais, une politique d'attractivité pour attirer par tous les moyens les sièges sociaux ne suffira plus à garantir un développement économique durable. Il faut aussi miser sur le développement endogène, c'est-à-dire sur la création d'activités et sur l'innovation. Certes, il faut tout faire dans le contexte de la mondialisation financière pour développer la place financière de Paris malgré les handicaps que constituent la polarisation londonienne et la localisation de la Banque Centrale Européenne à Francfort. La municipalité parisienne doit y jouer un rôle moteur, ce qui n'est pas le cas.
Dans la société de l'information, l'intelligence économique est la clé de toute stratégie de développement local, au carrefour de la coopération interentreprises, de la formation, de l'innovation et de la création d'entreprises. La politique de l'intelligence économique est le volet économique d'une politique urbaine qui se donne comme objectif de multiplier la "puissance commutatrice" de la ville. La priorité est dans la multiplication des acteurs économiques et l'intensification des relations entre les acteurs. Mais il faut passer du modèle de relations vertical, caractéristique d'une économie structurée autour des sièges sociaux, à un modèle davantage centré sur les relations horizontales. Quelque chose comme le modèle du district industriel à l'italienne, organisé autour d'un ensemble de compétences liées les unes aux autres, d'une culture commune, d'un marché du travail spécifique.
A l'ère des "firmes réseaux" et des "réseaux de firmes", la compétitivité est organisationnelle et globale. Il faut aller la chercher d'abord dans la création de réseaux d'entreprises tels qu'ils se sont développés dans certains pays comme le Québec, les Etats-Unis ou le Danemark qui ont mis en oeuvre des programmes d'incitation efficaces sous forme d'une aide directe à la coopération. La création d'une procédure d'aide de ce type devrait être considérée comme l'une des priorités d'une nouvelle politique économique parisienne. Celle-ci ne peut trouver cependant sa pleine signification que si la densité d'entreprises est suffisamment grande et si le renouvellement du tissu productif se fait à un rythme suffisamment soutenu. Une aide massive à la création d'entreprise est le complément logique de cette politique d'incitation à la coopération.
Il manque à Paris un grand pôle d'intelligence économique à la fois centre de ressources, guichet unique pour toutes les aides aux entreprises, outil de formation et acteur central de la mise en réseau de toutes les institutions de veille et de prospective. L'entrepreneur accèderait, par le guichet unique, non seulement à toutes les formalités, à un fonds local d'aide à la création d'entreprise, à un fonds local d'aide à la coopération, à l'aide municipale aux chômeurs créateurs d'entreprise, mais aussi à une structure d'orientation et de conseil permettant aux entrepreneurs de tirer le meilleur parti de toutes les autres procédures publiques ou privées de financement de la création et de l'innovation. Il y trouverait en même temps que l'aide financière, un chèque conseil, une formation à la création d'entreprise, une école de projets, des places en pépinière, des parrainages, des partenariats...La mise en réseau de tous les organismes de veille et de prospective mettrait à la disposition de l'entrepreneur, par tous les moyens, du séminaire à la consultation en ligne, en passant par la formation à l'intelligence éconmique, toute l'information disponible, technologie par technologie, métier par métier, secteur par secteur, à l'heure où la recherche et le traitement de l'information deviennent stratégiques dans la concurrence mondiale.
Je tenais également à prendre la parole pour tordre le cou à quelques contre vérités, qui illustrent à merveille votre sens de la caricature où tout ce qui serait positif relèverait de votre seule action et de l'engagement de la Ville et tout ce qui serait négatif relèverait du désengagement, de la démission de l'Etat. En page 13, vous évoquez un engagement financier de la Ville de Paris pour les Universités de plus de 400 millions d'euros sur cette seule mandature, nettement supérieur à celui de l'Etat dont les engagements à ce stade demeurent en l'occurrence étonnamment flous. Or cet engagement n'a rien de flou. L'engagement de l'Etat, en équivalent mandature est de l'ordre de 480 millions d'euros hors Jussieu, et plus de 900 millions d'euros en comptant Jussieu. Si j'ai pu me procurer les autorisations d'engagement et les crédits de paiement année par année de 1999 à 2007, j'imagine que cet exercice était aussi aisé pour vous, Monsieur le Maire. Ces données mettent en exergue que sous le gouvernement de Lionel Jospin, l'engagement financier était de même niveau que sous les gouvernements Raffarin et Villepin.
Un exemple en 2000, 87 millions d'euros d'autorisations d'engagement pour Paris hors Jussieu, 74 millions d'euros de crédits de paiement pour Paris hors Jussieu 175 millions d'euros d'autorisations d'engagement pour Paris avec Jussieu et 151 millions d'euros de crédits de paiemnt, en 2005, 80 millions d'euros d'autorisations d'engagement pour Paris hors Jussieu, 94 millions d'euros de crédits de paiement pour Paris hors Jussieu , 245 millions d'euros d'autorisations d'engagement pour Paris avec Jussieu et 229 millions de crédits de paiement.
Un point majeur est que le comparatif entre ce que finance l'Etat et la Ville est de mauvaise foi car c'est l'Etat qui rémunère et dote les établissements. Enfin, pour conclure, un exemple flagrant de contre vérité à la page 14 de votre communication "l'achat de terrains pour la création de nouveaux départements pour l'IUT de Paris VII, à Paris dans le 18ème arrondissement, projet qui tarde malheureusement à se concrétiser faute du respect par l'Etat de son engagement". Or, ce gouvernement a débloqué et inscrit au contrat de plan l'IUT Pajol sous l'impulsion du Maire d'arrondissement , de moi-même et une mention particulière à Xavier Chinaud Conseiller auprès de François GOULARD, Ministre en charge de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Votre intervention est excellente à la fois sur le fond du dossier et avec une connaissance précise d'exemples concrets dans votre arrondissement. Parfois, je lis des tribunes dans la presse qui n'ont pas autant de contenu.J'ai en plus l'impression que vous avez forcément une expérience dans l'entreprise pour vous exprimer ainsi! Ai-je raison
Rédigé par : Emma | 14/11/2006 à 22:15
Les Gaullistes populaires et sociaux soutiennent la candidature de Roxane ,dans notre 19eme circonscription .
Rédigé par : Hentze daniel | 17/11/2006 à 10:38
Roxane
Pouvez vous militer pour des candélabres dans le quartier? c'est beau, ca donne du style, et rend les rues plus sures! merci !!
Rédigé par : dominique | 19/11/2006 à 19:09
nous vous attendons nombreux Samedi 25 Novembre à partir de 9h30 aux Etats Généraux de l'UMP à La Villette.
Rédigé par : Jean-Baptiste OLIVIER | 23/11/2006 à 11:54